11 septembre, 2009

Nocturne

On m'a proposé de participer à un recueil collectif de bande-dessinées adaptées de poèmes érotiques du patrimoine (comprendre libres de droits...) littéraire français.

J'ai choisi et illustré "Nocturne", de Renée Vivien, écrit en 1901.

Vu le temps dont je disposais pour ce travail, je me suis laissé porter par mes pinceaux, et j'ai improvisé les quatre pages, approximations anatomiques et autres contours de traviole compris, après m'être imprégné longtemps du poème.

En résulte ces planches kitchissimes, dans lesquelles bizarrement j'ai eu le sentiment de pouvoir m'exprimer très librement. Travail extrêmement agréable, donc, ce qui pour un recueil érotique est déjà pas mal, non ?

Je ne publie pas ici la dernière planche, qui se termine sur une image pornographique.

Il y a du texte sur la seconde et troisième planche.






16 commentaires:

j.etienne a dit…

Ah zut!on veut voir la fin!!
Belles ambiances colorées,et dessins moins "animation".à pertir de la sirène enchaînée on plonge dans le sado-maso,ou bien?

le chef de gare a dit…

Ou bien... non pas vraiment en fait, plutôt dans la rêverie kitsh lesbienne. Personnellement, ça ne me dérange pas de poster cette planche, mais comme je fais pas mal de jeunesse, ça me dérangerait que des enfants- des anciens élèves par exemple- tombent la dessus sans sommation... Mais j'aurai bien aimé aller là dedans, je crois, même si ce n'est pas complètement l'ambiance du poème...
Je complèterais ce post d'une manière ou d'une autre.
Merci d'être passé Etienne !

Marilyn a dit…

Coucou PB ! Ca fait longtemps que je n'étais pas passée par là...petits problèmes de Pc, et de temps aussi...quel travail accompli ! J'adore tes planches à la gouache, pour moi, tout ceci me semble bien magique, même si on appelle ça le talent...depuis tout ce temps, qu'est devenu Antoine et ses aventures ? Et toi, comment vas-tu ?
Bises du Sud...

le chef de gare a dit…

Salut Marilyn

ça fait plaisir d'avoir de tes nouvelles !
Les aventures d'Antoine, il y en a plein dans les tiroirs, même si aujourd'hui j'ai arrêté d'en faire, par manque de temps principalement. Je ne pense pas que j'en publierai d'autres sur le blog, à la fois parce que je n'en vois pas l'interêt, et aussi parce que c'est souvent des carnets intimes qui doivent le rester à mon sens. C'est fait surtout pour Antoine, en fait, qu'il puisse plus tard, s'il en a besoin ou envie, découvrir quel était mon regard sur ses premières années, les questions que l'on se posait avec sa mère, bref, comment on voyait le petit garçon qu'il était. Par ailleurs, ça va pas mal ! Du travail au bout du pinceau, ce qui me rends évidemment heureux, et toujours des petits à l'école de la République, cette année des enfants en première année d'école maternelle, simplement merveilleux.
Quant à toi, j'espère te voir plus souvent ici !!
Bises,
Pierre.

Anonyme a dit…

un petit passage, court, mais inspiré.
J'aime beaucoup la planche la plus rouge. Les mouvement y sont perceptibles, ceux des femmes et peut-être même les tiens sur la table à dessin. On sent que tu a pris un certain pied(!!!)
Les deux autres me laissent un peu sur ma fin, et je n'aime vraiment pas les bras de la sirène, bien trop musclée pour moi. J'aime les femmes fines et graciles.
gp
ps: ...et que l'ozone soit!

le chef de gare a dit…

je ne sais pas si j'ai vraiment "pris mon pied" au sens où tu l'entends. Ce que j'ai le plus aimé dans ce travail, ça a été, pour une fois, de réussir à faire quelque chose spontanément, et je suis d'autant plus content de l'avoir fait que le sujet le demandait.
Je cherchais une idée qui me permettait d'illustrer le poème sans cherche dedans des éléments imagés à mettre bout à bout pour former une sorte d'histoire.

A un moment, quelques mots m'ont évoqués la harpie. les vers qui parlent de "frôlement d'ailes" et d'"ongles cruels", à partir de cette image, j'ai eu envie de convoquer les grandes figures mythologiques féminines, une nouvelle par page, et je me suis aperçu que ça pouvait fonctionner avec le poème. Le seul problème était avec la première. Le centaure est plutôt un animal de principe masculin, alors je lui ai ajouté une corne pour en faire une sorte de licorne.

Pour ce qui est de la sirène et de ses bras, que dire ? Ces femmes je le ais toutes dessinées, sans modèle autre qu'imaginaire, ou de souvenirs alors c'est vraiment un petit catalogue de fantasmatique personnelle, tout ce qui parait très kitch inclus.

J'aime la sirène autant que les autres, bras musculeux inclus... mais il y a aussi une femme gracile et fine, maigre même, à la dernière page, c'est celle de la première case qui revient- elle est en quelque sorte la narratrice du poème, elle débute et conclut l'histoire.

En fait, et je crois que c'est vraiment ce dont le poème parle, toutes ces femmes n'en sont qu'une, bien sûr, chacune étant une facette des autres. C'est la sublimation de l'amour que de les voir toutes rassemblées en une sorte de femme absolue, totale.

La femme gracile est cachée dans la sirène, comme toute femme un peu forte vit la plupart du temps son corps comme la chrysalide d'une femme plus mince, et toutes les maigrichonnes ne se voient que comme la prison d'où la femme plus grosse qu'elle redoutent de devenir pourrait s'échapper au premier bourrelet.

Bon, j'ai écrit assez de bêtises.
Bonne nuit !

Anonyme a dit…

Très belle illustration du poème...

le chef de gare a dit…

eh bien merci, Anonyme.
Tu connais le poème ?

Anonyme a dit…

"J’adore la langueur de ta lèvre charnelle
Où persiste le pli des baisers d’autrefois.
Ta démarche ensorcelle,
Et la perversité calme de ta prunelle
A pris au ciel du nord ses bleus traîtres et froids..."

Est-ce bien cela?

Anonyme a dit…

Et la fin...

"La terre s’alanguit, énervée, et la brise,
Chaude encore des lits lointains, vient assouplir
La mer enfin soumise...
Voici la nuit d’amour depuis longtemps promise...
Dans l’ombre je te vois divinement pâlir."

Vasco a dit…

Il y a vraiment plein de belles choses intéressantes dans ton blog !
Il faudrait que tu en dises un peu plus sur ton adaptation du roi des singes. Qu'en est-il du tome 1 ?
J'ai cru comprendre que ce n'est pas le même éditeur se charge du 2...

En fait, j'avais envie de te féliciter pour les illustrations de ce poème.
J'aime beaucoup cette approche qui lorgne vers la peinture ou l'illustration pour enfant des années 50.
C'est même assez surprenant, les cases que je préfère sont celles qui ont l'air les plus "malhabiles".
La première planche me plaît moins car trop proche de ce que tu fais bien mieux dans tes autres BD.
Dans cette page c'est le nu qui a le plus de force à mes yeux, et pourtant il est loin des canons habituels de l'érotisme en BD.
J'aime beaucoup les deux autres planches et le côté naïf et surréaliste du traité ( la manière de schématiser la cage, le traitement du nu à la clé-un peu à la Magritte, l'âpreté de la sirène...)
Bref, c'est une belle proposition audacieuse que je rêverais sans les textes qui vont se superposer aux images.

le chef de gare a dit…

Salut Vasco,

la curiosité qui t'as poussé à venir en ces pages me fait plaisir.

Je vais prendre le temps de répondre à ton message qui m'interesse et me touche sur plusieurs points (hum...) et pardonne moi, je crains que ça soit un peu long...

A propose de la première planche, je suis absolument d'accord avec toi. C'est celle qui m'est venue à l'esprit en dernier, le moins spontanément. Mais c'est aussi la première que j'ai peinte. J'ai fait ces pages d'un coup, entre deux boulots, vraiment jetées, sans études, avec les seules silhouettes des personnages crayonnées.
d'abord parce que l'avance de l'éditeur ne permettait pas autre chose, et parce que vu le sujet, je voulais me retrouver coincé à faire quelque chose de spontané. Bon, ça aurait pû l'être encore plus... DOnc dans la première page, je crois que les maladresses ne se transforment pas en forces comme dans les autres, mais en faiblesses. En tirant un peu par les cheveux on va dire par rapport au sujet que c'est comme une nuit d'amour qui commence par un déshabillage maladroit...

Ensuite... Moi j'ai toujours eu envie d'être dessinateur, et autant j'ai toujours eu apétit et spontanéité pour la couleur, autant le dessin, je ne progresse pas, je suis toujours aussi maladroit, et malgrè tout, les étapes "dessin" de la planche me sont toujours assez pénibles, finalement. Là, je voulais me libérer de ça, me dire que ce que je savais faire suffirait bien, suffirait bien à m'exprimer. àa fait un peu bêbête de le poser comme ça, mais, dans ce projet, et dans mon boulot en général en ce moment, je suis dans une période ou j'ai envie de ça, envie que ce que je fais me montre des images de moi-même, me corresponde, et qu'on ne vient pas m'emmerder avec des histoires de couleurs trop sombres ou d'épée mal placée (tu vois de qui je veux parler...).

Pour le dire en bref, depuis le temps que je voulais me lâcher un peu, j'ai essayé de le faire vraiment sur ces quatre pages.

L'éditeur m'a proposé des textes qui ne me plaisaient pas (des écrivains de seconde zone genre Charles Baudelaire ou je sais pas quoi...), et je suis parti en quête d'un texte qui me parle vraiment, je crois que j'en avais besoin pour que ça me "déclenche".

Je l'ai déjà écrit, ce texte m'a parlé, ce n'est pas que je lui trouve une grande qualité poétique ou littéraire, mais j'y perçoit (tout à fait subjectivement, c'est sûr ) une forme de sincérité amoureuse. C'est à dire que j'ai l'impression que l'auteur s'adresse très directement à quelqu'un qu'elle désire amoureusement, là ou la plupart des poèmes érotiques que j'ai parcouru s'adressent en fait au lecteur, à qui on fait un clin d'oeil en le mettant en position de voyeur qu'on essaye d'exciter.

L'axe qui m'a libéré de la trouille de ne pas savoir dessiner des femmes nues, ou de faire quelque chose de banal, c'est quand j'ai choisi de faire une sorte de parade mythologique.

On parlera ailleurs du Roi des Singes, puisque tu me poses la question, mais c'est un peu la même approche. La mythologie, c'est le langage qui me parle le plus, c'est là dedans que je me sens chez moi. ça m'est intime.

Partant de là, toutes les citations que tu évoques sont justes, tu as vu ce boulot exactement comme je l'ai conçu, ça me fait drôlement plaisir, d'autant plus que mon travail n'est guère commenté. Des fois, ça fait du bien de lire qu'on entend ce que tu essaies de dire.

(à suivre...)

le chef de gare a dit…

(suite du commentaire précédent- je découvre que les commentaies sont limités en longueur...)

Je crois qu'en fait j'avais ces pages en moi depuis longtemps, bizarrement, comme tu dis à propos des images malhabiles, j'avais envie de peindre ces corps là depuis longtemps, et voila c'est venu avec beaucoup d'évidence. Peut-être qu'il faudrait que j'aille vers une liberté comme celle-là plus souvent, au lieu d'essayer de "bien dessiner" tout le temps.

J'ai déjà été bien long, alors je ne me lance pas sur cette histoire d'illustrateurs des années 50, mais pour la faire courte, je crois qu'il est évident qu'en ce moment, notament grâce à ce qui se publie sur internet, notament parce que ça permet de voir des travaux d'illustrateur invisible avant (je pense à tous ceux quoi bossent dans l'animation ) qu'il y a une redécouverte massive de cette période et de ces auteurs (souvent américains, non ?) en ce moment, et oui ça m'interesse beaucoup, ça fait partie des influences qui m'ont fait passer à la gouache.

N'hésite pas à repasser régulièrement, ça fait plaisir.

Bien amicalement,
Pierre.

le chef de gare a dit…

Pour anonyme:


C'est ça, c'est ce beau poème de Renée Rémond.

Vasco a dit…

Eh bien, la réponse est rapide, précise et éclairante.
Je comprends bien mieux les hésitations stylistiques.
Finalement ce genre de commande t'a peut-être révélé une voie dans laquelle tu trouveras bien des solutions.
Ceci dit je trouve que ce que tu fais par ailleurs est très bien, bien que plus classique.
Ce style pour le poème ( de Renée Vivien et pas Renée Rémond -confusion avec l'historien sans doute)
s'il est très intéressant n'est peut-être pas utilisable partout, mais ça pourrait t'entraîner vers des sujets plus poétique ou destinés au livre pour enfant.
Quand je parlais des années 50, je ne pensais pas spécialement aux illustrateurs US, mais plutôt à des peintres français oscillant entre surréalisme et arts décoratifs, mais je n'arrive pas à retrouver de nom.
(remarque les illustrateurs américains ont souvent à voir avec les mouvements artistiques européens, et si tu parles d'animation il suffit de voir les inspirations et les artistes utilisés par Disney)

le chef de gare a dit…

Hey Vasco...
Très étrange lapsus, d'autant plus que j'ai assisté il y a quelques années à une conférence de ce René Reymond (?)- sur la laïcité... Mon dieu, mon inconscient essayerait-il de me dire quelque chose ?