09 juin, 2009

legende ( la fontaine de margatte, 11)

Depuis quelques jours je travaille aux couleurs des pages de la Fontaine.
J'attendais d'en avoir terminé une entièrement pour la dévoiler ici, et puis comme j'ai un peu changé de méthode, je crois que jes terminerais plus ou moins toutes ensemble.
Pour ne pas déserter ce blog, je poste donc quelques étapes de peinture, vraiment brutes de décoffrage, même pas scannées, mais photographiées. Vous pourrez apprécier d'authentiques flous, et des variations de lumière à peine visibles, si, si.












La forêt habite depuis aussi loin que je m'en souvienne mon paysage mental. J'ai grandi avec un jardin se terminant par un grand bois descendant vers une rivière. Ce lieu, dont j'avais l'impression qu'il ne s'ouvrait qu'à moi a été mon eden, la source de toutes mes rêveries, de mes premières contemplations, le foisonnement des feuilles, le fouillis des racines, des ronces a représenté un monde complet, mesurant pourtant en réalité deux ou trois centaines de mêtres carrés. J'ai le sentiment aujourd'hui d'avoir grandi dans les arbres, qui sont pour moi des objets sacrés, et pour lesquels j'éprouve un sentiment panthéiste parfaitement ridicule et incommunicable à la plupart de mes proches.
Je m'étends un peu aujourd'hui parce que mes voisins viennent de nous ordonner de faire couper les deux lauriers de notre jardinet, j'en suis si malheureux que je crois que je vais passer le reste de ma vie à jeter des canettes de bière par dessus le muret qui sépare les deux cours.

Bref, j'ai toujours aimé regarder des forêts au cinéma ou dans la peinture.
Le cinéma d'animation a souvent montré des représentations des mondes végétaux, on comprend facilement combien il est voluptueux pour le déorateur de se perdre dans le dessin souple des courbes des feuilles et des branches.

Et au cinéma, même si c'est plus compliqué, il y a ausi quelques forêts idéales. Celle que les directeurs artistiques du film inventèrent pour Legend, de Ridley Scott, est peut-être, aujourd'hui encore, la plus belle. En tous cas celle qui me touche le plus.

J'aime la façon dont un élement est toujours placé au premier plan, très contourné, très dessiné. J'aime le fourmillement de vie qui se dégage de ces espaces envahis d'herbes. J'aime combien cette forêt est expressioniste et tout à la fois très manièriste. Il va sans dire qu'elle a été entièrment fabriquée en studio. J'aime voir combien l'artifice le plus complet permet de célèbrer la nature .


Un passage, tout au début du film, en éspèrant que vous me pardonnerez ces digressions lyriques...



05 juin, 2009

la fontaine de margatte (10)



Croquis de mise en scène pour la planche 4 :




La planche en cour de réalisation, la dernière bande est juste ébauchée.




A suivre...

03 juin, 2009

la fontaine de margatte (9)



J'ai terminé mes crayonnés. Maintenant, la peinture. Etape qui risque d'être plus longue que ce que je pensais, puisque j'ai finalement détaillé les images plus que prévu.

Elaboration de la planche 3, aujourd'hui.

Le gribouillis de mise en scène:


Ce petit découpage est en fait très important. Je me suis aperçu que je m'y réfère souvent, même à la dernière étape du crayonné. Comme j'ai tendance à reprendre et à détailler souvent inutilement les vignettes, ces petits guides jetés- mais qui s'avèrent souvent assez justes- me rappellent constament quelle doit être l'énergie de chaque vignette. Je ne suis pas sûr d'arriver encore à conserver cette lisibilité dans les images finies, mais je crois que mes cadrages s'améliorent grâce à la simplicité de ces petites ébauches, que je me contraint à dessiner en tout petit.

Des dessins préparatoires pour le crayonné:



Et la page crayonnée. Avec un défaut de dessin fréquent chez moi: je me concentre sur le visage, l'expression, je relève le nez, et je me rend compte que le personnage a une tête deux fois trop grosse...



On remarquera entre le découpage et la page crayonnée que j'ai changé le cadrage des cases 2 et 3. Dans ces cases, le lutin confie un secret à Riwallon, qui en rit. Le lutin se sent humilié par cette moquerie (case 3). Au départ, j'ai cadré sur Riwallon, puis il m'a semblé que d'une part, l'entendre rire dans la bulle et voir son visage hilare était redondant. Je ne garde donc que la bulle avec le rire de Riwallon, et je peux montrer le changement d'expression du lutin. D'une case à l'autre, il passe de l'excitation un peu enfantine- il s'apprête à confier un secret, comme s'il offrait un cadeau qui doit réjouir son destinataire- à la vexation de celui dont on refuse de partager la complicité et dont on ignore l'offrande.
D'autre part d'un point de vue plus moral, je crois que je préfère me situer, à ce moment, et le lecteur avec moi, du coté de l'humilié. Cela souligne la désinvolture et l'arrogance de Riwallon.

A suivre...