07 mai, 2009

la fontaine de Margatte-(4)




J'ai consacré les derniers jours à des recherches de couleurs.
Voici celles pour le lutin.














Mon préféré:




Comme je fais partie des dessinateurs très influencés par les images des autres, je vous montre un peu celles que j'avais en tête en pensant au lutin.

D'abord un des plus beaux personnages d'une bande dessinée anglaise, The Horned God, publié en France par Zenda sous le titre Slaine. Au passage, je ne sais pas si c'est toujours disponible, si ce n'est pas le cas c'est honteux, c'est un des plus beaux albums du genre.
Donc j'ai beaucoup pensé à ce vieux Dieu Cornu, qui représente les forces de la nature déclinantes, l'automne d'une royauté :






Dans le catalogue des personnifications de la nature, cette fois associée aux forces de l'imagination, il y a ce Faune hantant le Labyrinthe de Pan, dans le film du même nom. Une créature magnifique. Je crois que le petit escargot posé sur une des cornes de mon lutin viens de lui.


3 commentaires:

Anonyme a dit…

oO ça alors! je vais p-ê faire un super cliché: je pensais que ce genre de personnages influençaient plutôt les dessinateurs de super-héros genre Hellboy, etc
en même temps je ne connais pas toutes tes oeuvres^^ un style peut en cacher un autre...
quel choc
allez bon w-e pierre
ps: c'est mr moizie qui fait des allusions tendancieuses?
ff.

Anonyme a dit…

J'adore la couleur: subtile et intense à la fois: un vert franc et viril, quelques touches de rose léger et très féminin, il doit aimé les lutins et les lutaines ton personnage?! Sans conteste le plus réussi de ce que tu nous montres.
Évidemment, suis super déçu de voir disparaitre les oreilles pointues, ça n'avait rien d'ambiguë à mon goût, je les trouvais juste plus expressives.
Mais on comprend tes inspirations, c'est évidemment mis a ta sauce, mais on retrouve ce petit air naïvement cruel que tu sembles avoir voulu prendre au personnage du labyrinthe de pan...fais-je fausse route?

le chef de gare a dit…

Ff:Tous les amateurs d'Héroïc Fantasy ne sont pas des adolescents attardés qui écoutent AC/DC en reluquant les pages centrales de Newlook, et qui kiffent grave les tatouages celtiques. Et non ! Je ne dis pas non plusque ces images sont des influences directes, simplement ce sont les personnages auxquels je songeais en dessinant ce lutin.

Si tu trouves un jour un exemplaire de Slaine, tente ta chance, ça te plairait peut-être.

Quant au Labyrinthe de Pan ça n'a rien à voir avec le film d'horreur lambda (même si c'est aussi un truc que j'aime ! ), c'est plutôt une variation extrèmement triste sur Alice au pays des merveilles. Le faune incarne les forces de l'imagination dans toute leur sauvagerie, parfois. C'est un film sublime.


Merci de venir visiter si régulièrment le blog. ça fait très plaisir.


GP:Dis-donc, quelle analyse pointue ! Si le regard de mon personnage a quelque "innocente cruauté" ce n'est pas du tout volontaire.

Maintenant comme je vois que tu aimes la palabre, je peux te dire comment, consciemment, cette fois j'ai envisagé le personnage. Tu as d'ailleurs lu mes intentions sur pleins de points.

L'ambiguité sexuelle du personnage: oui, c'est fait exprès. C'est ce qui me fais préférer ce dernier dessin. Dans l'histoire, en quelque sorte, si on veut le dire vulgairement, le lutin va montrer au Seigneur Riwallon, que contrairement à ce qu'il croit, il n'a pas la plus grosse. C'est mon interprétation bien sûr, mais le noeud de l'histoire, c'est quand le lutin provoque le jaillissement incontrolable d'une fontaine, qui inonde le pays entier, plongeant Riwallon dans la panique. Je ne crois donc pas exagérer ma lecture de la symbolique du récit. Et quand bien même...
Donc il me semblait parlant de chercher un personnage qui incarnerait physiquement un mélange de masculinité et de féminité, en une forme de maturité encore inaccessible à Riwallon, qui lui est très obsédé par la conquête virile de son environnement. Le lutin, lui, n'en est plus là: il a interiorisé les forces de la nature, en accord avec elles. Il est l'adulte qui va montrer le chemin de la maturité à Riwallon.

J'ai pas mal réfléchi en terme de couleur, d'ailleurs, aux moyens de montrer l'évolution de Riwallon dans l'histoire. Au début, il faut que je parvienne à lui donner des teintes minérales: gris, bleu, noir. Les couleurs de l'immobilité, du ciel, donc d'une forme de transcendance (oh là, on se calme mon braillon ! ), A la fin, il apparaitra dans les couleurs du lutin. Ocres, verts, les couleurs des forces telluriques, de la terre. Peut-être qu'il aura une couronne de fer au début, et de fleurs à la fin. Je crois que pour un conte, c'est bien si c'est aussi naïf que ça.

Le côté féminin du lutin, ça vient du rose évidemment- le contraste est plus frappant sur les originaux- et aussi du cerne noir autour des yeux qui évoque un maquillage.